Chronique de ce diable de Robert Scotto
Un livre
politique de Jean d’Ormesson
«
Dieu, les affaires et nous »,
c’est là le dernier
livre paru de notre délicieux académicien Jean d’Ormesson. Cette fois, il nous
surprend un peu car il n’est pas du tout de la même veine que les précédents.
Cette fois, l’ironie remplace l’humour habituel. Une ironie parfois amère et
même par moment agressive.
Jean d’Ormesson écrit un livre très politique.
Nous l’oublions, mais cet écrivain est aussi un journaliste - il a dirigé
le « Figaro » et en a été souvent l’éditorialiste. Il se veut ni de
droite, ni de gauche. Ses six cent pages (éditeur Robert Laffont), constituent
une chronique d’un demi-siècle d’observation des évènements de notre pays et, à
ce titre, une œuvre de référence, très riche et, comme d’ habitude, rédigée
dans un français agréable et facile.
Politiquement, il ne s’en cache jamais, il est
de « droite », mais avec une intelligence plutôt de gauche, tolérante
mais pointue ; celle d’un homme qui se serait très bien intégré à la
France agissante et remuante du dix-neuvième siècle.
Pas de doute, l’auteur de ce gros volume,
chrétien averti, a pourtant subi lui aussi la fascination d’un socialiste qui laisse,
lui aussi, sa trace dans notre histoire. D’Ormesson n’a pas détesté François
Mitterrand dont il reconnait l’habileté politique tout autant que la culture et
le courage. Il ne va pas jusqu’à applaudir tout son règne, qui a duré 14
années, ni à accorder louange au parti qu’il recréa. Mais l’homme de la gauche
plurielle et du programme commun ne lui a pas déplu autant que nous aurions pu
le croire.
Robert Scotto