« Le sud de la France, terre d’élection
du judaïsme ».
Michael
Iancu, docteur en histoire, directeur de l’institut universitaire
euro-méditerranéen Maïmonide, à Montpellier, nous le confirme dans sa
conférence des Lundis de Maguelone, le 7 novembre. Une conférence d’un très
grand intérêt, sans doute l’une des meilleures tenues, à ce jour, dans le cadre
des rendez-vous mensuels dans la Maison Diocésaine.
A ceux qui n’ont pas pu y assister, un livre du conférencier, publié par
les éditions du Cerf sous le titre « Les juifs de Montpellier et des
terres d’Oc », apportera l’essentiel des éléments d’information fournis
par Michael Iancu dans son exposé.
Cela constitue une très longue et très belle histoire, de la grande
Histoire. Elle couvre plusieurs siècles, depuis l’époque
« florissante » du Moyen-âge jusqu'aux jours sombres de la seconde
guerre mondiale. Le conférencier vous conduit de Lunel à Vauvert, de Béziers à
Narbonne, de Montpellier à Perpignan.
Montpellier, mont Gaach, où les gens affluent en ces 12° et 13° siècles.
Ils viennent de tout le bassin méditerranéen, des pays chrétiens et musulmans,
d’Angleterre parfois ; Gênes et Pise servant d’intermédiaires pour le
commerce. Mais le commerce n’est pas tout. De nombreux érudits s’installent
aussi en ces lieux avec à leur tête, à l’époque, rabbi RUBEN. Certains sont
riches, beaucoup s’installent à Lunel. Ce sont des gens sages qui accomplissent
les préceptes de Dieu, enseignent la Torah. Posquières (nom ancien de Vauvert),
est une vraie ville avec une grande école talmudique, dirigée par un grand
rabbin, Abraham, homme d’action, spécialiste du Talmud et de la Bible. Il puise
dans sa propre bourse pour aider les plus nécessiteux des membres de la
communauté.
Las ! En 1306 la tourmente s’abat sur les terres d’Oc.
Le roi Philippe le Bel va chasser les juifs et les expulser du Languedoc :
une reconquête à la française, pour ceux qui ont vécu celle des espagnols en
Andalousie.
A Lunel, dans une pièce en prose, DURAN « pleure sa
petite Jérusalem de la ville du mont », mais aussi sur les communautés de
Béziers et Narbonne. Il se réfugie, un temps, à Aix-en Provence. Lorsque Montpellier
est vendue, avec Lattes, au roi de France, la communauté se disperse vers
Marseille, Aix, Arles, Salon, Saint-Rémy, Carpentras.
Avec Michael Iancu, enjambons les siècles pour
nous retrouver dans d’autres drames, tout aussi cruels, ceux de l’autre grande
Histoire, celle de la seconde guerre mondiale, celle des déportations, celle de
la résistance.
L’été 1940, les
réfugiés arrivent de nos provinces du nord et de l’est. D’autres viennent de
l’Europe centrale. Ils ne sont pas toujours accueillis « à bras
ouverts » ; mais nait assez vite un élan de solidarité.
En 1943, nouvelle alerte : tous les Israélites sont
frappés d’expulsion, non pas à la demande des Allemands mais à celle des
dirigeants de Vichy. Nouvel exode, vers Nice cette fois. Temps de malheur
pendant lequel Montpellier va abriter des familles et des enfants juifs, des
notables aussi : les Bloch, Cohen, Goldsmith… Parmi eux, des hommes et des
femmes de devoir, de solidarité et de générosité. Chaque vendredi, le rabbin
Schilli rassemble chez lui la jeunesse, pour des cours sur la Bible et le Talmud.Mais cela n’empêche pas juifs et chrétiens d’échapper toujours à la tragédie, nous le savions .
Avec cette conférence de
Michael Iancu, nous avons pu découvrir ou redécouvrir, les voix ou les événements
qui ont marqué, chez nous, la vie d’une
communauté riche de foi et de courage.
Merci à Michael Iancu, ce fut un moment passionnant.
R. S
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